Tar Saëlle fille de l'Ours (Approuvé)

Nom: fille de l'Ours
Prénom: Tar Saëlle
Âge: 20

Race: Totem
Ville d'Origine (Ou Région): Tribu nomade du Rrôhtengar

Description physique: Comparativement au reste de sa tribu, Saëlle n'est pas très robuste physiquement. Elle a une silhouette fine et élancée. Malgré la rudesse de son comportement, ses gestes détiennent tout de même une certaine grâce. On sous-estime souvent sa force par sa stature frêle, mais ceux connaissant la tribu de l'Ours savent ce dont elle est capable. Plusieurs tatouages, significatifs des Totems, sillonnent le côté droit de son corps. Chaque marque constitue une victoire ou un trophé de chasse. Les siennes lui parcourent le visage, l'épaule, le bras et commencent à descendre sur ses côtes. Elle porte ses cheveux bruns foncés un peu en bas des flancs, souvent mal entretenus ou tressés dans son dos. Ses prunelles sont d'un bleu si clair qu'elles paraissent blanches.

Description psychologique: Ses origines nordiques font d'elle une personne de caractère, farouche et impatiente. Elle retient également beaucoup de sa tribu, élevée dans des conditions difficiles, son tempéramment est impulsif et légèrement suceptible. Elle peut paraître parfois très austère, même si son peuple a aussi le rire facile. Cependant, la tribu de l'Ours ont la réputation d'être lent et conservateur. Ils possèdent une force impressionnante, une endurance hors du commun, mais un faible irréprochable pour cette douceur venue du sud... Le miel. Saëlle n'y échappe pas, sauf que beaucoup la soupçonne plus intelligente qu'elle ne le montre. Trop rusée et silencieuse comme une prédatrice, ses chasses sont souvent les plus fructuantes, mais sa tribu remet souvent en doute ses méthodes. Sous ses airs sauvages, elle possède une curiosité sans faille et une naïveté adorable.

Ses pouvoirs: Ceux-ci sont reliés entièrement à sa race et du totem qu'elle représente. Bien qu'elle soit une fille de l'Ours, il s'avère qu'elle est une des rares Cougar. Saëlle est donc une niveau 5 non entraînée, c'est-à-dire qu'elle n'a aucune maîtrise sur ses pouvoirs. Les pouvoirs des totems selon leur niveau consiste à se métamorphoser en l'animal qu'ils représentent. (Voir race Totem) Quant à Saëlle, elle aurait l'Helvin nécessaire pour se changer complètement en cougar, mais comme elle croit être une Ourse ses tentatives échouent et les maîtres de sa tribu ne parviennent pas à la faire progresser. Si ça ne serait pas de ses exploits, on l'aurait prise pour une Commune. Elle possède un esprit vif et tactique, voir calculatrice, une force impressionnante et une vitesse à considérée.  

Équipements: Elle porte des vêtements de peaux, cuirs et fourrures. Sous ses épais sur-vêtements qui la maintiennent au chaud, elle porte un bustier en peau d'ours serti de petites ceintures de cuirs qui maintiennent plusieurs couteaux de chasse. Pour une meilleure mobilité, c'est d'un pantalon de cuir qu'elle est vêtue et d'une solide paire de bottes hautes. Signifiant qu'elle est fille du chef, Saëlle porte les bijoux traditionnels de sa tribu: ce sont des pierres précieuses incrustrées à même la peau et quelques chaînes d'argents.

Outre ses dagues de chasse, Saëlle posséde un arc sculpté dans un des bois les plus solides d'Helvingard. Les flêches qui l'y accompagne reposent dans un carquois fixé à son dos d'une manière à ne pas gêner ses mouvements.

Possessions: -
Autres: -

Résumé de votre vie: Fille du chef de sa tribu, les gens ont toujours eu beaucoup d'attentes de la part de Saëlle. Bien que cette dernière à toujours travaillée très fort, elle n'est jamais parvenue à leur montrer qu'elle était bien une fille de l'Ours, la rendant aux yeux des autres une source de déshonneur. Loin de se laisser abattre par l'intimidation qu'elle subit, Saëlle devient l'une des meilleures chasseuses de sa tribu et même du nord. Plusieurs ont perdu la vie en la défiant sous prétexte qu'une femme, une gard, ne pouvait pas avoir les marques qu'elle possédent, significatives d'une victoire ou d'un trophée de chasse. C'est à cette époque qu'elle commence à croire en ses pouvoirs et sa tribu doute de plus en plus d'elle. Rejetée, elle décide de faire sa Quête, grand événement dans la vie d'un totem lorsqu'ils atteignent l'âge majeur. La Quête consiste à parcourir le monde à la recherche des connaissances de tous les Totems différents.  

Histoire: En rédaction

Chapitre I: Différence


« Réveilles-toi! Allez, dépêches-toi petite fénéante... Tu roupilles autant qu'un ours qui hiberne.»

Un sourire ne se retint pas d'apparaître sur ses lèvres, dissipant les quelques traces de fatigue sur son joli minois. La jeune fille souleva une lourde paupière, maugréant quelques paroles incompréhensibles à son assaillant. Ce dernier ne se laissa pas décourager, la bousculant sans ménagement, son rire dérangeait le silence de la tente.

- Laisses-moi tranquille. Je veux dormir...

- Pas question. Il est déjà tard, Saëlle, le soleil est tout haut dans le ciel. Tu ne voudrais pas rater ta première chasse, hein?

- Ma quoi!?

Elle se redressa d'un élan, les yeux gros comme des pierres. Son ami prit place sur les fourrures, cessant de la brutaliser. Il avait finalement son attention. Fier de son coup, le garçon croisa les bras sur son torse, un sourire narquois aux lèvres.

- Ton père a finalement accéder à ma requête. Je lui ais dit que, même pour une gard, tu peux apprendre à chasser comme nous!

- Je n'en suis pas une, Kumo, je le sais, je le sens.

- Boaf, c'est pas moi que tu vas convaincre avec tes trucs sentimentals, mais je suis ton ami... Alors je décide de te croire.

Insatisfaite, Saëlle plissa le nez dans une petite moue juvénile. Lentement, elle repoussa ses fourrures, se glissant hors de son nid. La fraîcheur des lieux la fit frémir, elle se dépêcha de gagner ses bottes et son manteau. En l'enfilant, la jeune fille se rendit compte que Kumo la fixait depuis un moment, éveillant un certain malaise.

- Quoi?

- T'es presque rendu une femme.

Ce qu'elle aurait voulu le gifler ou lui cogner la tête contre la pierre. Quel commentaire typiquement masculin!

- Bien sûr, fit-elle, en colère. Tu pensais que j'étais quoi? Un monstre?

Kumo éclata d'un rire franc, levant les mains en signe de résignation. Risquant une oeillade moqueuse sur la demoiselle, il lui expliqua plus diplomatiquement qu'il appréciait ses changements. Qu'elle était plus «féminine» que les autres filles du clan. Il venait tout juste lui-même d'entrer dans l'adolescence, bien qu'il soit encore trop petit. Quel honte, Saëlle allait bientôt le dépasser! Cette dernière avait les bras croisés, très peu amadouée par les belles paroles du jeune Ours.

- Tar Kumo, tu diras c'que tu voudras, je sais très bien que dans mon dos tu penses la même chose qu'eux.

- Ben voyons, répliqua l'adolescent, irrité. Ne sois pas si formelle!Comme si être commune peut t'empêcher d'être jolie.

Kumo s'était levé, toujours contrarié, bien qu'il se maudissait d'être aussi maladroit avec les mots. Il s'apprétait à quitter la tente lorsque son amie le retint par l'épaule. Jamais il ne l'avait entendu s'approcher, ses yeux s'agrandirent lorsque son visage frôla le sien. Un voluptueux baiser fut posé sur sa joue. Saëlle le dépassa en lui accordant un sourire, suivit d'un simple remerciement. Les filles, toujours aussi difficile à comprendre. Il regarda sa silhouette s'éloigner un bon moment avant de finalement se mettre à sa suite. Une fois près du groupe de jeunes chasseurs, Kumo se plaça à la dextre de son amie, prêt à la défendre des mauvaises langues. Un grand homme vint à leur rencontre, les épaules larges et la mâchoire carré, il était très imposant. Tar Ulfric était un des maîtres chasseurs de la tribu, il était non seulement le père de Kumo, mais le bras droit du grand chef. Ce dernier, gardant farouchement sa place supérieure, veillait adroitement à l'éducation des jeunes Ours, comme il s'assurait la fidèlité de chacun d'eux. Ce n'était ni la peur, ni la force de leur chef qui les poussaient à obéir presque aveuglément. L'ascension au pouvoir chez les Ours est sensiblement pareil chez les Loups, à une différence près: une fois qu'un chef est nommé, il l'est jusqu'à sa mort. Cependant, il a le choix d'avoir un héritier, mais celui-ci devra affronté tous les guerriers qui aspireront au poste afin de prouver sa valeur. Les combats achevés, s'il remporte, il devra mener ses futurs sujets dans une grande chasse question de prouver son commandement. Une brêve cérémonie s'en suit, puis de festivités où la viande abonde.

Ulfric glissa son regard sévère sur les jeunes gens présents, puis s'arrêta contre Saëlle, fronçant ses sourcils broussailleux.

- Que fais-tu ici, fille?

- Je viens apprendre la chasse, Tar Ulfric.

- Repars à ta tente, grogna le colosse, impatient. Tu n'as rien à faire ici.

Les autres éclatèrent de rire, Ulfric ne les calma même pas, c'est Kumo qui s'en mêla. Brave petit homme...

- Fermez là! Vous saurez que c'est le chef lui-même qui a accepté sa présence.

- Elle va nous ralentir, fit l'un.

- Elle va se blesser, fit l'autre.

Saëlle leva le nez, crispant les mâchoires, la tête haute. Jamais, elle allait se laisser abattre par ses idiots qui se croient supérieurs seulement parce qu'ils sont capable d'avoir de petites griffes d'ours au bout des doigts. Elle ne les écoutait même plus, son regard fixait quelque chose derrière l'attroupement qui continuait à rire d'elle sous son nez. Un drôle de sourire souleva le coin de ses lèvres, il était là.

« Quelqu'un m'a dit, que même dénué de pouvoirs, un commun pouvait apprendre la chasse.»

Une multitude de yeux se tournèrent vers l'homme, peut-être pas aussi grand que son acolyte, mais il était costaud et son regard intimait le respect. Ses longs cheveux noirs étaient noués en cadogan, l'ébène de ceux-ci constratait avec la pâleur de sa peau et faisait ressortir le bleu clair de ses prunelles. Quiconque y portait attention reconnaîtrait la similitude entre Saëlle et cet homme. Son père se fraya un chemin entre eux, le silence suivait ses pas.

« Saëlle, approche ma fille. »

Elle hésita, ses pieds refusaient d'avancer. Pourquoi voulait-il insister sur son humilation qu'en l'exposant devant eux? Ne le savait-il pas qu'ils allaient encore la juger? Rire d'elle? Ses iris clairs croisèrent les siens, identiques. Une tendresse paternelle y scintillait, ainsi qu'une confiance surprenante. Saëlle comprit. Son père n'avait jamais douté qu'elle puisse chassé, n'avait jamais douté qu'elle y arriverait... Il attendait le bon moment, que sa fille chérie soit prête à affronter ses idiots. La jeune fille accepta le défi, elle devait montrer à son père qu'il avait raison de croire en elle. Lentement, Saëlle s'avança d'un pas calculé, espérant que tous verrait sa détermination et aussi, le respect que son père lui accordait. Leur chef reconnaissait en elle une chasseuse, ils devraient suivre leur exemple.

Tar Yaral fit disparaître toute gentillesse, surprenant tout le monde lorsqu'il attaqua sa fille avec force et précision. Instinctive, Saëlle bondit vers l'arrière, parant de justesse le prochain de son père. Elle lu sur son minois, toute sa concentration et aucune hésitation à la frapper de toutes ses forces. Si elle ne voulait pas avoir mal, elle devait combattre. Rapidement, ses yeux évaluèrent le grand homme, calculant ses faiblesses, comme ses forces. C'est ainsi qu'elle encaissa un violent coup dans les côtes, échappant une petite plainte, mais elle évita adroitement le coup suivant. D'un coup de vent, la fillette se trouva derrière Yaral, lui assenant un coup brutal de ses pieds joints. Le temps qu'il se retourne, elle était déjà dans son angle mort après une roulade à le marteler de ses petits poings. Évidamment, elle savait que ses coups ne passeraient pas sa résistance physique, il était entraîné à en recevoir d'une force bien plus supérieure à la sienne. Elle espérait continuer à détourner ses attentions, l'occupant à se défendre plutôt qu'à la blesser. Les gens criaient autour, encourageant l'un ou l'autre, mais elle ne les entendait pas. Un souffle haletant, un coeur battant, le choc de ses coups, c'est tout ce qu'elle écoutait. Le vent qui se déplaçait à leurs mouvements, le sien était beaucoup plus présent, elle devait régler ses mouvements au sien. Elle gaspillait trop d'énergie autrement. Yaral se retrouva avec une fillette qui copiait ses mouvements, comme une danse inversée. Il émit un petit grognement, il n'aurait jamais pensé qu'elle parviendrait à tenir aussi longtemps. Le chef décida de poursuivre le combat, Saëlle le voulait, elle voulait le prouver aux autres... Aussi bien l'aider, mais sans lui laisser de chances, sinon ça se verrait.

Ses manoeuvres amplifiés, laissant que de minces possibilités à sa fille, le grand homme pensait qu'elle allait abandonné après avoir pris autant de coups à cette force. Étalée contre le sol froid, l'oreille contre ce dernier, elle attendait, le souffle douloureux. Des pas lourds s'approchèrent, ses paupières chutèrent. « Patience, Saëlle, patience, le bon moment... » Les pas étaient tout près maintenant, elle vit même les pieds de son adversaire au travers de ses longs cils. C'est à ce moment qu'elle décida d'agir. Poussant un hurlement féroce, elle se redressa d'un bond, s'appuyant sur ses talons, puis s'élança dans les jambes de son père. Surpris de cet assaut, l'homme n'eut pas le temps de stabiliser sa chute, il se retrouva sur le dos. Une Saëlle furieuse sur son torse, un couteau de chasse, le sien, sous la gorge. Elle était haletante, un renflement sur la pommette soulignait son regard, les mains tremblantes relâchant l'arme. Yaral se redressa, rattrapant sa petite fille dans ses bras, un large sourire sur son visage.

Les spectateurs applaudirent, d'autres murmurèrent en fixant Saëlle. Ses méthodes de combat étaient d'une différence flagrante entre elle et son père. L'avait-il laissé gagné? Non, elle l'avait eu par la ruse. Ce que beaucoup voyait d'un mauvais oeil. Même Ulfric dévisageait la jeune fille, incertain. Quant à Kumo, il rayonnait de joie, s'élançant vers son amie pour la féliciter de ce combat impressionnant. Le chef remit la jeune fille sur pied, lui ébouriffant les cheveux.

- Penses-tu pouvoir chasser après ça? lui demanda son paternel. Tu peux toujours revenir demain.

- Non. Je veux y aller, répliqua-t-elle sur un ton de défi. J'en ais suffisament la force.

L'homme hocha doucement de la tête, sachant que rien ne lui ferait changer d'idée.

- Wouah, Saëlle, t'aurais dû te voir! Tu tournoyais, sautais, roulais, cognais!

Gênée, elle se passa la main sur la nuque, le regard chutant contre le sol. Elle-même avait dû mal à y croire. Ravie, elle rejoignit le groupe qui s'entassait devant Ulfric, prête à recevoir la leçon d'aujourd'hui. Ulfric leur expliquait qu'ils auraient, suite à la chasse, un entraînement intensif avec les maîtres Ours. Ceux-ci enseignaient l'Helvin et comment la canalyser afin d'utiliser leurs pouvoirs. Évidamment, cette partie inquiétait davantage Saëlle, mais elle se consola en se disant qu'il fallait bien essayer. Chez les totems de chaque clan confondu, leurs pouvoirs consistent à se métamorphoser graduellement en l'animal qu'ils représentent. Saëlle n'avait rencontré qu'un seul membre d'une autre tribu, il était un Aigle, messager d'Helvingard. La différence l'avait frappé, il était élancé, un peu maigre, les cheveux longs bruns d'une légèreté de plumes, un oeil vif et scrutateur. C'était logique, lorsqu'on y porte attention, il possède des traits caractéristiques de l'aigle. En était-il autant des Ours? Évidamment, grand, costaud, bourru et impulsif, mais Saëlle? Son ami ne l'avait-il pas catégorifiée dans plus «féminine» que les autres filles, était-ce ça qu'il voulait dire? Qu'elle n'avait pas l'étoffe physique d'une Ours... Ses prunelles se glissèrent sur Kumo, même lui, plus petit que les autres, arborait les épaules larges et une poigne de fer. Après tout, il entrait tout juste dans la puberté. Cependant, Rhana une fille d'un an son aîné était dans le même groupe, elle avait une structure plus imposante, voir masculine. La jeune fille ne pu s'empêcher de comparer chaque parcelle de son corps à Rhana, constatant avec horreur toutes les différences. Son voisin semblait suivre son questionnement silencieux, puisqu'il dévia le regard contre Rhana, il se contenta que de prendre discrètement la main de Saëlle.

Chapitre II: Leçon

Une plainte s'éleva dans l'air.

« C'est douloureux? »

Le maître Ours leva un regard exaspéré sur Kumo, l'intimant au silence pendant le rite important. Saëlle haussa ses frêles épaules, sans pour autant déranger l'homme qui gravait ses tatouages d'encre rouge. C'était un moment important, mais Kumo était curieux, son amie avait déjà quatre fier tatouage, alors qu'il en avait aucun. Son père lui rappelait sans cesse et attendait davantage d'efforts de sa part. Il aurait pu être jaloux de la belle Saëlle et son talent pour la chasse, mais non, il était heureux. Très heureux, car elle l'était. C'était une tradition chez les Totems que de se tatouer de la sorte, chaque tatouage supplémentaire signifiait un duel remporté, une grande chasse fructueuse ou un exploit. C'était son cinquième qui encrait la peau de son avant-bras, Saëlle se souvenait de chacun d'eux. Le premier, à quinze ans, Rhana ne supportait plus de la voir être la meilleure dans les chasses alors qu'elle avait commencé les leçons bien après eux. Ils venaient tout juste d'apprendre les règles des duels, confrontation pouvant mener jusqu'à la mort. Sans y réfléchir, Rhana avait provoqué Saëlle, suivant les procédures accoutumées du duel. Stupéfiée, Saëlle avait lorgné Ulfric sans y comprendre, mais l'autre Ours avait déjà dit les paroles de confrontations. Il n'avait pas le choix de les laisser s'affronter, c'était au vainqueur de décider du sort de l'autre... Il savait pertinament ce que Rhana avait en tête, en espérant qu'elle épargne la fille du chef.

- Saëlle en position.

- Non! Je ne peux pas l'affronter.

- Pourquoi? fusilla Rhana, le minois déformé par la colère. Tu as peur, fillette?

- Je n'ai pas envie de te faire du mal, fit Saëlle d'une voix douce. Rhana, tu n'as aucune chance contre moi.

- Regardes là qui pleurniche... La coutume est la coutume, tu ne voudrais pas te déshonnorer en la refusant? Aucune chance? Contre une gard? Je suis une véritable Ours, Saëlle, comparativement à toi, j'ai des pouvoirs. Tu as beau savoir chassé, mais n'importe qui peut apprendre la chasse, mais apprendre les techniques Totem, même toi tu n'y arrives pas.

Les paroles de sa camarade vint profondément la chercher. Un frisson lui remonta l'échine, alors que ses pas la conduisit machinalement devant elle. Très bien, elle voulait combattre? Ses mots de pacotilles, elle allait lui faire ravaler. L'Helvin, Saëlle en avait, elle en était persuadée depuis sa tendre enfance, mais elle était incapable de mettre en pratique toutes les leçons que les maîtres Ours lui avaient apprises. Un jour, elle leur montrerait à tous! Une vraie Ours, avec les griffes, la force et tout...

« Ah tiens? Elle est soudainement courageuse? »

Saëlle ne répliqua pas, déjà concentrée à déterminer les forces et faiblesses de Rhana. Calmement, elle se positionna, puis plus rien en elle ne bougeait, seul le vent faisait valser sa longue chevelure foncée. Ce n'était plus Rhana qu'elle voyait, mais bien une cible, une proie, dont les faiblesses apparaissaient de manières flagrantes. Trop grande et trop costaude, elle serait plus lente et prévisible, car les Ours se fient généralement sur la force brutale et l'endurace qu'à la précision ou la vitesse. De plus, Rhana était en colère et ne l'aimait pas, un motif de ce genre brouille l'esprit et il n'en découle que des bêtises.

L'Ours s'avança rapidement vers Saëlle, voyant que cette dernière ne bougeait pas. « C'est ça, Rhana, épuises-toi. » L'adolescente se balança de tous les côtés, s'occupant qu'à éviter adroitement les coups de son adversaire. Ce qui provoqua un élan de frustration chez Rhana, elle rugit, laissant apparaître ses pattes d'ours, elle envoya un tas de coups mal organisés. C'était presque triste de la voir se déchaîner, alors que Saëlle flottait dans l'espace en évitant chacun de ses coups. Après plusieurs minutes d'une danse où seule Saëlle connaissait les pas, Rhana haletait comme un porc. Elle fini par comprendre que ça ne servait à rien. Son regard croisa celui de sa rivale, elle vit son amusement. De l'amusement! En fait, la demoiselle était plutôt contente que Rhana apprenne de ses erreurs et ça lui faisait plaisir d'être son professeur. Un professeur qui allait finalement lui montrer ce dont il était capable. Les prunelles de l'Ours s'agrandirent lorsque Saëlle s'élança dans un sifflement, calculant le moindre de ses mouvements. Elle la toucha au ventre du poing, avec assez de force pour lui couper le souffle. Rhana se recroquevilla. Un coude s'abatit entre ses omoplates. Elle se plaignit, risquant de rencontrer le sol. C'était un genoux à la place qui la remit sur ses pieds douloureusement. Déséquillibrée, elle ne savait plus où donner de la tête, préparant une défense maladroite. Saëlle se pencha adroitement lorsque son adversaire brandissa le poing au hasard, elle en profita pour exagérer son coup, poussant sur son épaule. Rhana tourna sur elle-même en maugréant. Étourdie, elle ne vit pas Saëlle qui bondit vers elle, les pieds joints. La pauvre Rhana s'écopa un violent coup à la poitrine, bloquant brièvement ses voies respiratoires de tout souffle. Elle s'étala sur le dos, sans même essayer de se relever. Gracile, Saëlle se glissa près d'elle, sans même prendre l'effort de la maîtriser, la botte sur son ventre. Son couteau de chasse tournait entre ses doigts, alors qu'un sourire victorieux ornait ses lèvres.

- Tar Saëlle fille de l'Ours, vainqueuse. En tant que témoin et votre maître, je t'accorde la requête de ton choix. Comme le requiert la coutume, désires-tu la vie de Tar Rhana, fille de l'Ours?

- Non.

Tout le monde s'exclaffèrent. Ils ne comprenaient pas, Rhana était son bourreau depuis des années! Ulfric les fit taire d'un geste de sa large main, intimant le silence.

- Je t'écoute, grognit-il entre ses dents. Que veux-tu?

- Je veux qu'elle porte le tatouage du déshonneur. Qu'elle l'arbore visiblement et qu'elle se rappelle de ce jour toute sa vie. Des leçons, que j'espère, qu'elle a apprise. L'humilité, le respect et la patience. Qu'avant d'être soi-même une Ours, nous sommes d'abords un clan, une famille. Que si nous aurions battu côte à côte, nous serions toutes les deux vainqueuses.

Même leur maître avait un sourire, il reconnaissait que cette petite en avait dedans et ses paroles avaient de la sagesse. Étonnant pour une si jeune Ours, mais il se garda ce commentaire. Saëlle était déjà rendue loin lorsque son ami la rattrapa.

- Tu étais certaine de gagner, s'enquit Kumo, la mine sérieuse. Pourquoi avoir accepté de te battre? Tu m'as dis toi-même qu'il fallait choisir ses combats et que Rhana n'en valait pas la peine.

- Me battre avec elle n'en vaut pas la peine, Kumo, mais son apprentissage si. Elle n'aurait jamais été plus loin dans ses entraînements parce qu'elle était certaine d'être plus douée que tout le monde. Parfois, il n'a pas meilleure leçon que l'humiliation.

C'était déjà il y a trois ans, Rhana lui en voulait encore d'avoir la marque honteuse sur sa joue, mais lui vouait un respect équitable. Depuis, Saëlle avait gagné d'autres tatouages en prouesses stupéfiantes lors d'une chasse. Une fois, elle avait échappé de justesse à la colère d'un Thârle. Sa stratégie l'avait épargné, mais en plus, elle avait permise à toute la tribu d'avoir enfin un repas à se mettre sous la dent. Parfois, au Rrôhtengard, les saisons sont plus difficiles et même pour les nomades, la chasse n'est pas fructueuse. S'il la voyait... Son frère aîné serait si fier! Noah l'héritier était parti depuis plus d'un an pour faire sa quête, personne n'avait eu de ses nouvelles depuis. Yaral l'avait interdit de s'inquiéter, mais comment le pouvait-elle? Son père ne cessait de lui raconter que c'était nécessaire pour un Totem de faire sa Quête pour passer correctement dans sa majorité. Un jour, elle devra aussi la faire, mais pas maintenant, elle est encore trop jeune.

« En tout cas, ça te va vraiment bien, Saëlle, comptes-tu en avoir d'autres? »

Assurément, elle comptait en avoir jusqu'à ce qu'on ne voit plus une parcelle de son corps gracile. Une fois le rite terminé, le maître permit à Saëlle et Kumo de disposer rapidement. Ce qu'ils firent sans attendre. La jeune femme refusa de se couvrir, même s'il faisait un temps glacial, désireuse de montrer son nouveau tatouage. Son ami la suivit en silence jusqu'à sa tente, y entrant sans être invité. Il avait froid et Saëlle ne l'aurait pas refusé. En tailleur, l'individu s'installa sur les fourrures, contemplant sa charmante amie. En quelques années, elle était devenue une très belle femme, du moins à ses yeux. Peut-être que son avis ne comptait pas, puisqu'ils ont toujours vécu ensemble. La mère de Saëlle était décédée en la mettant au monde, ce qui lui octroyait davantage de représailles de ses semblables. Kumo était enfant unique, mais sa mère aurait appréciée avoir une fille à cajoler, d'où son affection pour la fille du chef. Après tout, ce dernier ne pouvait pas offrir l'affection et la tendresse d'une mère. Il était heureux que Werne le lui donna de bon coeur. Kumo la connaissait mieux que quiconque et n'ignorait pas sa différence, au contraire, il lui trouvait tout un charme. Ses iris foncés parcourèrent sans ambage le corps de la jeune femme. Cette dernière le pris sur le fait.

- Kumo?

- Tu es vraiment belle, murmure-t-il, malaisé. Tu es presque une femme.

- T'es vraiment idiot, tu le sais? Tu me la sors à chaque année celle-là. Un « Tu es belle », c'est suffisant et tout aussi agréable à entendre. Crétin, tu oublis que venant de toi, on dirait ta mère.

Kumo la dévisageait, se relevant brusquement. N'arrivait-elle pas à le prendre au sérieux? Le voyait-elle à l'instar de sa mère, comme un simple ami ou pire encore, comme un frère? Son avis ne comptait pas plus à ses yeux tant elle était habituée de l'entendre. Elle aurait préféré qu'un autre stupide Ours lui dise qu'elle l'était, belle, même s'il passe son temps à la rabaisser. Il quitta la tente rapidement, l'envie d'y mettre le feu le prenait, loin... Il devait marcher loin.

« Ma petite oursonne, tout va bien? »

Tar Yaral venait de passer la tête par le rideau de peaux qui constituait la porte, cherchant sa fille dans la tente.

- Entre papa, t'as vu Kumo?

- Si je l'ai vu? Il a failli me rentrer dedans, tu peux me dire ce que tu lui as fait?

- Rien... Je sais pas, il était bizarre.

- Il n'a pas essayé quelque chose! s'enflamma le père, entrant rapidement dans la tente. Le petit chenapan, attends que je lui règle son compte!

- Papa, papa, non! Il n'a rien fait, je te le promets. Je crois juste que je l'ai mal comprise...

Le chef rejoignit sa fille sur les fourrures, exagérant un soupire moqueur. Il passa un bras musclé autour de ses petites épaules. Un peu nerveusement, il essaya de lui expliquer que Kumo était maintenant un jeune homme et que ceux-ci développaient des désirs, des sentiments, qu'ils ne comprennent pas tout à fait. Alors, même de bons amis pouvaient nourrir des sentiments l'un pour l'autre, même si parfois c'est à sens unique. Kumo, lui, voyait peut-être Saëlle autrement depuis quelques temps...

- Tu crois? demanda-t-elle avec curiosité. Ce serait stupide de gâcher notre amitié.

- M'oui, en effet, mais je ne pense pas que Kumo s'est réveillé un matin amoureux de toi. Peut-être qu'il s'attend à un peu plus avec toi.

- Que veux-tu dire?

- S'unir avec toi par exemple.

La jeune femme parut un peu surprise et très inquiète. Était-ce vrai? Kumo envisageait-il de demander sa main à Yaral? Et si ce n'était pas déjà fait? Son père était-il complice? L'angoisse l'envahit tranquillement, comme un poison progressif. Voyant le malaise de sa fille, le chef déposa un baiser sur son front tout en la félicitant pour son nouveau tatouage. Il était fier d'elle, de ce qu'elle était devenue malgré son incapacité à utiliser l'Helvin. Il observa attentivement Saëlle. Oui, il était fier, même si ses sujets lui en voulaient d'encourager la différence de sa fille. Comment un père pouvait-il en faire autrement, il l'aimait, il aurait voulu qu'elle soit véritablement une des leurs comme l'entend les autres, mais les Ancêtres en ont décidé autrement. Il savait qu'elle accomplirait de grandes choses. Sur quelques mots, Yaral l'averti que la tribu se mettait en route dès l'aube.

Le lendemain, Saëlle était déjà prête, son muffle des neiges attelés de toutes ses affaires. Elle n'accordait pas un seul regard à son ami à proximité, mais lui non plus d'ailleurs. Elle vérifiait une dernière ses sacoches de provision lorsque deux Ours vinrent à sa rencontre. L'un d'eux la bouscala, l'autre la prit par le bras, arrachant son manteau. Brutalement, il l'obligea à lui montrer son nouveau tatouage. Un flot d'insultes s'échappa de son rictus dédaigneux, serrant son étreite sur son bras. L'autre en profitait pour lui dire des méchancetés, qu'elle ne serait jamais une des leurs, peu importe le nombre de ses tatouages. Les doigts qui lui faisaient mal devinrent de larges griffes qui pénétraient sa peau. Déformant peu à peu l'encre rouge. Saëlle aurait voulu se déprendre, mais toute tentative lui aurait causé bien plus de tords. Elle se contenta de pincer les lèvres sous sa douleur et de lui lancer un regard chargé de mépris. Du coin de l'oeil, elle vit une ombre s'emparer de l'acolyte de son assaillant. Ce dernier, déconcerté, détourna le visage vers la bataille près d'eux.

« Laissez la tranquille! rugit Kumo, les crocs à la gueule et les griffes aux pattes. LAISSEZ LA TRANQUILLE! »

La fureur qui s'échappait du jeune homme était palpable, il déversait sur sa victime une série de coup de griffes et des jaillissements de sang couvrirent la neige. Des voix s'élévèrent de toute part, parfois terrifiées, parfois encourageantes. Celui qui retenait Saëlle la repoussa violamment, essayant d'aller aider son malheureux ami. Toutefois, dès qu'il fut près des deux combattants, Kumo releva la tête, le menton couvert de sang. L'homme se figea devant ce spectacle, perdant la métamorphose de ses mains, il ne s'attendait pas à le voir bondir sur lui à cette vitesse. Saëlle tremblottait, jamais elle n'avait vu son meilleur ami avec autant de rage et encore moins avec toute cette force. Dans les leçons, amoindrissait-il ses pouvoirs afin qu'elle se sente mieux? Moins seule? Maintenant, c'était évident. Elle ne savait pas si elle devait lui en vouloir ou le remercier...

Yaral et Ulfric passèrent devant elle, tentant de séparer les deux jeunes hommes, car le troisième était déjà à l'écart, agonisant. Les cris d'ours de Kumo déchiraient l'air, couvrant les voix qui essayaient de le calmer. On voyait même la fébrilité de son père, Ulfric, de le voir dans cet état. Saëlle sortit de sa stupeur, écartant les gens de son chemin alors qu'on éloignait les blessés et son ami.

« Kumo! »

Sa voix se perdit dans le brouhara, elle l'interpela plus fort. Courant à toute vitesse, bousculant les autres sur son passage. Elle ne cessait de l'appeler, un peu terrifié. Il ne devait pas se perdre dans sa folie... Les maîtres Ours le disent souvent, l'histoire du Malvin. C'était peut-être ça, il devenait fou! Arrivée dans une dernière tente encore érigée, Saëlle s'élança au chevet du jeune Ours déchaîné.

« Kumo, Kumo, regardes-moi, je suis là. Calmes-toi maintenant... Je t'en pris. Je suis là, tout va bien, je vais bien. Je te le jure, regardes-moi, je suis là. »

La gorge nouée, elle répéta ses mêmes paroles un long moment, repoussant son père qui essayait de l'emmener plus loin. Il la laissa tranquille lorsqu'il vit que Kumo se calmait enfin, abaissant les yeux sur le minois larmoyant de sa belle. Aussitôt qu'il vit ses pleurs, sa peur, toute sa transformation s'estompit. Sa main chercha la sienne...

- Excuses-moi, chuchota-t-il, troublé. Je ne voulais pas te faire peur.

- T'es un crétin doublé d'un idiot! Tu as oublié tes leçons d'Helvin ou quoi? Tu aurais pu t'y perdre! Ne le laisses plus JAMAIS prendre emprise sur toi, plus jamais, t'entends?

Saëlle le quitta sans en ajouter, abandonnant la main de son ami dans le vide. Il se rappelait encore sa chevelure dans l'embrasure de la tente quand elle était parti, furieuse.